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Alors que les révélations s’enchaînent sur l’usage massif de solvants pétrochimiques dans l’extraction des huiles conventionnelles, une voix s’élève : celle de Sébastien Loctin, fondateur du collectif En Vérité et vice-président du Synabio. Son message est clair : l’hexane n’est pas un accident, mais un système. Et c’est précisément là que la bio, qui l’interdit strictement, peut reprendre l’avantage en matière de transparence, de nutrition et de sécurité sanitaire.

Un solvant pétrochimique au cœur du modèle conventionnel

L’hexane, solvant issu de la pétrochimie, est l’un des piliers invisibles de l’industrie des huiles végétales conventionnelles. Utilisé pour extraire l’huile des graines oléagineuses, il est apprécié pour une raison simple : il permet des rendements quasi totaux.
Avec l’hexane, les industriels récupèrent plus de 97 % de l’huile contenue dans la graine.

Ce procédé, invisible aux yeux du public, est devenu la norme dans les huiles raffinées destinées à la grande distribution et à l’ingrédientation alimentaire.

Un risque sanitaire et un enjeu de transparence

Si l’hexane est encadré, il reste un solvant neurotoxique, et des résidus peuvent subsister après extraction. Plus problématique encore : les tourteaux, eux aussi contaminés, sont utilisés dans l’alimentation animale, créant un risque d’exposition indirecte, diffus et difficile à mesurer. Le consommateur, lui, n’a aucun moyen d’être informé : l’hexane est classé « auxiliaire technologique », donc non étiqueté.

Pourquoi le scandale éclate maintenant

Ce qui était une pratique industrielle banale devient aujourd’hui un sujet explosif pour trois raisons :

  • la montée générale de la défiance envers les procédés chimiques invisibles ;
  • les révélations de tests et d’enquêtes indépendantes ;
  • la poussée réglementaire autour de l’ultra-transformation.

Le moment est propice pour que la filière bio prenne la parole - et c’est ce que fait Sébastien Loctin.

Sébastien Loctin a fait partie des premiers à lancer l'alerte

Entrepreneur, expert des filières oléagineuses, fondateur de Biofuture (Quintesens et .nod), du collectif En Vérité, et Vice-président du Synabio, Sébastien Loctin connaît de l’intérieur les procédés d’extraction conventionnels.

Dès le printemps 2025, il exposait un constat sans appel : le public pense consommer un jus de graines, alors qu’il consomme un produit extrait au solvant. Pour lui, l’hexane n’est pas seulement un problème technique : c’est un problème démocratique.

Pourquoi le bio est totalement à l’abri de l’hexane

Pour les professionnels du secteur bio, le message est clair : la filière bio, par ses règles strictes, est la seule à garantir l’absence de solvants pétrochimiques.

1. L’hexane est strictement interdit dans le bio : le règlement européen impose que les huiles bio soient extraites exclusivement par des procédés mécaniques, sans solvants chimiques. Cela élimine totalement :

  • l’usage de l’hexane,
  • les résidus dans l’huile,
  • les tourteaux contaminés.

2. Les tourteaux bio n’induisent pas de contamination animale : l’alimentation animale certifiée bio interdit l’utilisation de tourteaux issus d’extraction au solvant. La chaîne est donc assainie de bout en bout.

3. Le bio valorise un modèle opposé à celui du rendement maximal : là où le conventionnel maximise le volume, le bio valorise la pression mécanique, la qualité nutritionnelle, la transparence filière et la limitation des transformations.

"L’extraction à l’hexane est un non-sens sanitaire et alimentaire", selon Sébastien Loctin

Dans son intervention sur BOB, Sébastien Loctin insiste sur plusieurs points clés :

1. L’opacité est totale : le consommateur ignore le procédé. Les professionnels savent que l’hexane domine le marché… mais la communication est inexistante.

2. Les résidus existent : ils sont faibles mais réels, un problème d’autant plus sensible qu’il s’agit d’un solvant neurotoxique.

3. L’industrie renforce la dépendance au solvant : plus les volumes augmentent, plus l’extraction mécanique devient économiquement minoritaire.

4. Le bio montre que l’on peut faire autrement : non seulement c’est possible, mais c’est déjà disponible à l’échelle industrielle.

Pour la filière bio, une opportunité stratégique

L’actualité autour de l’hexane offre un terrain unique pour la bio :

  • réaffirmer ses standards : sans solvants, sans extraction chimique, sans résidus ;
  • éduquer les consommateurs : expliquer la différence entre pression mécanique et extraction chimique ;
  • valoriser la qualité plutôt que le rendement ;
  • renforcer la confiance dans les filières certifiées.

Alors que le secteur conventionnel découvre qu’il est assis sur un scandale latent, la bio apparaît comme la seule filière cohérente et sécurisée.

Un tournant pour l’industrie, une confirmation pour le bio

L’affaire de l’hexane illustre un choix de modèle : la logique du volume contre la logique du vivant. En mettant ce sujet sur la table, Sébastien Loctin ne fait pas qu’alerter : il rappelle que la bio apporte déjà une réponse structurelle, réglementaire, technique et sanitaire à ce problème. Pour les professionnels de la bio, l’enjeu est désormais de transformer ce moment en levier de pédagogie, de différenciation et de reconquête.


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